Le 17 octobre 2024, le Conseil de l’enfance et de l’adolescence a adopté un rapport qui tente de répondre à cette question. Question que nous tentons de répondre aussi avec le Cri de l’œuf. Vous trouverez ci-dessous quelques unes des propositions du Conseil de l’enfance et de l’adolescence et qui valident ce que nous proposons autour du développement de l’école en forêt ou le Terrain d’Aventures. C’est un travail de deux années qui est livré dans ce rapport.

Ce rapport du HCFEA revisite la promesse de bienvenue aux enfants dans la société et au monde. Celle qui fut engagée grâce au projet humaniste des lumières, au progrès scientifique de la modernité et à l’évolution du droit. Or il advient que l’inquiétude s’immisce et que le désir d’enfant, le plaisir et la valeur de sa présence parmi les adultes sont interrogés actuellement, entre autres par la montée du phénomène « no kids » et le rapport anxieux au futur.

Tous les observateurs, familles et spécialistes s’accordent sur le constat que les enfants et les adolescents se replient sur l’intérieur et le virtuel. Alors comment leur ouvrir à tous les portes de la ville, les chemins de la nature, et le plaisir de se sentir bien, avec d’autres à l’air libre ? Comment renouer le pacte intergénérationnel dans l’organisation de la Cité, avec un grand C ? Faire société ?

Les constats sur la sédentarité des enfants, sur les effets d’une éducation du dedans, sur écran, de la craintes de parents et des institutions pour la sécurité des enfants dans les espaces publics, la peur de l’accident ou de la mauvaise rencontre sont ici, documentés.

Les 3 enjeux que le développement du dehors dans l’éducation des enfants permettent sont :

  • un enjeu éducatif et de citoyenneté,
  • un enjeu de santé et de santé mentale,
  • un enjeu environnemental.

Ce que dit le rapport…

  • Assouplir la logique d’appels à projet afin de redonner sens et pouvoir d’agir aux acteurs de terrain ;
  • Promouvoir les démarches d’aller vers et les interventions collectives pour une action sociale plus préventive et inclusive ;
  • Développer les actions communes d’économie sociale et solidaire et de travail social.
  • Soutenir les initiatives et associations qui créent, animent et financent de l’offre de loisir à l’extérieur pour tous ;
  • Privilégier les subventions pluriannuelles par rapport au financement annuel et aux appels à projet, qui fragilisent les associations cf. avis du Cese 2024 ;
  • Valoriser l’intégration des pratiques écologiques au sein des modèles associatifs ;
  • Soutenir le potentiel d’innovation des associations : originalité, inventivité, adaptation aux besoins locaux les plus fins, expérimentations…
  • Envisager les enfants et les adolescents comme des interlocuteurs, à solliciter et impliquer dans la conception, l’aménagement des territoires et des environnements qui leur sont dédiés, et non uniquement comme des bénéficiaires, voire des consommateurs des réalisations.
  • Encourager la coopération systématique de professionnels des arts et de la culture à tout projet d’aménagement et de rénovation urbaine.
  • Multiplier les actions propices au « faire en famille » et avec des adultes au service du « faire » des enfants à travers le soutien à l’animation de la vie sociale et aux tiers-lieux de type cafézoïde, café aux enfants etc.

Telles sont quelques propositions de ce rapport qui résonnent avec notre projet éducatif et tout ce que le Cri de l’œuf expérimente au travers de ses actions enfance. Sur le Terrain d’Aventures, les parents sont invités à bricoler avec leurs enfants en leur faisant confiance et en faisant confiance dans l’équipe d’animation. En accompagnant l’école dehors, les parents sont aussi invité·es à faire avec les enfants. Nos ateliers de cuisine de rue sont également des tiers-lieux, des espaces où les liens se tissent, où la vie sociale s’invente, où les enfants sont invités à s’impliquer dans la conception de l’aménagement de leurs espaces de vie.

Il y a deux semaines, nous avons d’ailleurs visité, avec Sandrine, le cafézoïde, véritable institution parisienne qui depuis 20 ans accueille les enfants et leurs parents dans un café à hauteur d’enfants du mercredi au dimanche de 10h à 18h. Ce lieu vient bousculer les structures classiques en proposant à l’enfant une place centrale dans le fonctionnement de ce café mais aussi dans la ville en développant des initiatives comme la rue aux enfants qui permet aux enfants de retrouver, de revendiquer une place dans l’espace public.

Dans le paragraphe « Citoyenneté et pouvoir d’agir » on peut lire qu’« au contact des autres, les enfants par l’expérience et par l’imitation, découvrent, et s’éduquent au partage et aux codes de l’espace public. Ce qui sous-entend une posture concernée et inclusive à leur égard, sans autoritarisme ni jugement. »

Posture que nous expérimentons sur le Terrain d’Aventures ou lors des classes en forêt que le rapport évoque :

« Si un gamin ne peut pas s’affronter aux éléments essentiels la terre, l’air, l’eau, le feu ; il ne peut pas se construire comme un être humain. Le temps scolaire, le temps des activités périscolaires dans les classes moyennes aboutit à ce que très souvent l’enfant se retrouve dans une situation de saturation. Et des espaces de liberté, il n’y en a pas suffisamment. » Bernard de France, 1997.1

Les Terrains d’aventures2 sont une illustration concrète de ces aires de liberté et d’apprentissages multiples, défendues par Bernard De France.

Accès libre, jeux libres, libre accès : les terrains d’aventures mettent à disposition un environnement dans lequel les enfants peuvent s’approprier l’espace, jouer ensemble ou non, fabriquer quelque chose ou casser ce qu’ils ont construits s’ils le souhaitent… : ils expérimentent leurs idées, leurs envies du moment, ils ont le droit d’essayer, et de se risquer.

  • Encourager et consolider les sorties scolaires ainsi que les classes de découvertes
  • Renforcer le lien école/parent, en facilitant leur participation en tant qu’accompagnateurs.
  • Consolider les partenariats des écoles avec les acteurs de l’éducation populaire et de l’éveil à la nature (CSC, CINE, …) ;
  • systématiser une heure hebdomadaire d’éveil à la nature avec ces acteurs afin de sensibiliser les enfants et lutter contre l’isolement des enseignants qui ne peuvent pas tout porter.

1 François Grandeau et les terrains d’aventure, Documentaire réalisé par Gilles Ravenau et Clotilde Rouiller, février 2021.

2 Comme l’expliquait déjà en 1997 l’un de ses pionniers, François Grandeau : « Le terrain d’aventure c’est une structure qui n’est pas construite ou faite par les adultes pour les enfants, mais une structure aux enfants, voilà. C’est donner à l’enfant la possibilité d’intervenir sur son milieu et de construire son monde. C’est aussi un endroit d’activités libres, d’actions sur l’espace, sur les matériaux, sur les éléments, sur tout ça ; un endroit, une structure éducative, mais où les activités ne sont pas forcément productives. Et c’est un endroit où on se risque ».

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